Maïs, méteils et regarnissage de prairies en semis direct
Cultures fourragères. Très motivé par le travail sans labour, Yannick Esnault utilise un semoir Simtech, matériel simple et économique avec lequel il implante en semis direct environ 30 % de ses cultures.
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«C’est l’un de mes collègues, installé à quelques kilomètres de chez moi, qui m’a loué son semoir Simtech à partir de 2012, se souvient Yannick Esnault, éleveur installé en Gaec à Roézé-sur-Sarthe. Je voulais essayer cet appareil de semis direct car j’ai arrêté le labour depuis environ quinze ans et je crois beaucoup aux techniques simplifiées. Après avoir fonctionné trois années comme cela avec de bons résultats, ma Cuma a décidé d’acheter son propre semoir en 2015. » Le modèle retenu est un T-SEM 300 de 3 m de large à distribution mécanique et interrang de 15 cm.
Sa conception est simple : chaque descente se termine par un soc en forme de T inversé, qui ouvre le sol en créant une petite galerie horizontale où la graine est déposée. Pour limiter le risque de bourrage, le constructeur a placé les descentes sur trois rangées. Il a aussi prévu une rangée de disques à l’avant pour couper les résidus de la culture précédente et dégager les éléments de semis. Les sillons sont refermés par un rouleau arrière qui rappuie le sol et des chaînes traînantes étalent les mottes.
« Ce semoir accepte des petites graines ou des plus volumineuses »
L’une des originalités de ce semoir tient dans le système de distribution des graines : la base de la trémie est composée d’une rangée d’augets correspondant chacun à une descente. Au fond de chaque auget se trouve une sortie obstruée par un disque en mousse. Tous les disques sont montés sur le même axe et ils tournent ensemble quand le semoir avance. Dans leur rotation, les disques en mousse entraînent les semences vers le tuyau de descente qui les conduit jusqu’au fond du sillon.
« Pour l’étalonnage, je modifie la pression des disques en tournant une manivelle, explique Yannick Esnault. Plus la mousse appuie contre la paroi de la trémie, moins elle laisse passer de semences. Je peux aussi modifier la vitesse de rotation des disques en inversant les deux pignons d’entraînement. Ce n’est pas compliqué et j’adapte ainsi facilement la densité de 2 à plus de 200 kg/ha. Ce semoir accepte aussi bien des petites graines de trèfle, par exemple, ou des semences plus volumineuses comme de la féverole. Travailler avec des mélanges hétérogènes n’est pas non plus un problème. Le seul point à améliorer est le système de récupération des graines pour la pesée. Il faut déposer des tôles de protection qui font office de réservoir, puis les repositionner sous la trémie, c’est un peu fastidieux. »
Du maïs à 15 cm d’écartement après l’interculture
Au départ, ce semoir a été acheté principalement pour installer les couverts hivernaux. Mais rapidement, l’éleveur et ses associés ont multiplié les usages, notamment pour implanter le maïs ensilage après avoir récolté l’interculture ou la culture précédente, avec désherbage chimique si nécessaire. « Ce semoir passe très bien malgré l’important tissu racinaire que peut laisser un ray-grass, précise l’éleveur. Les rangs sont écartés de 15 cm, mais cela n’est pas gênant pour un ensilage avec un pick-up de type Kemper. J’utilise donc encore un semoir classique pour les parcelles destinées à une récolte en grains secs ou en épis ensilés. » Yannick Esnault emploie aussi ce semoir pour cultiver différents méteils. Fin juin 2018, juste après la moisson de l’orge, il a semé un mélange comprenant du maïs très précoce d’indice 170, du tournesol et du sorgho sur 8 ha. Le passage s’est fait directement sur les chaumes, après un apport de fumier en surface. La parcelle étant irriguée, les plantes se sont rapidement développées pour atteindre une hauteur de 3 mètres à la mi-septembre. Cette parcelle ensilée en octobre a permis un rendement de 13,5 t de matière sèche par hectare, à 32 % de MS. Ce produit entre dans la ration des laitières afin d’apporter davantage de protéines et de réduire les achats de concentrés.
Rénover une prairie sans la retourner
Chaque automne, le semoir sert à regarnir les prairies. Après une période de sécheresse, l’éleveur rajoute ainsi du trèfle, du ray-grass ou de la fétuque sans avoir à retourner la parcelle. Il conseille de laisser les vaches pâturer après le sursemis. En broutant, elles rasent l’herbe déjà en place et laissent la lumière atteindre les plantules. Ainsi, tout pousse en même temps.
« Globalement, c’est un bon outil, simple à utiliser et à entretenir, avec lequel j’implante 30 % de mes surfaces, estime Yannick Esnault. Un tracteur de 100 ch suffit à l’emmener. Le coût à l’hectare facturé par la Cuma est de 20 €, ce qui est vraiment économique. Nous avons toujours les mêmes socs après trois ans de fonctionnement. Les pointes sont protégées par des pastilles de carbure de tungstène. Je travaille toujours à 20 ou 30 degrés en biais par rapport à la culture précédente. Cela évite de reprendre les mêmes sillons et d’accumuler des résidus devant les socs. Pour faire un semis régulier, notamment avec des petites graines, il est important d’avoir un sol bien plan. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas si c’est une parcelle de maïs binée, par exemple, ou si les remorques ont laissé des ornières au moment de l’ensilage. Il m’arrive de déchaumer au préalable pour aplanir le terrain. Mais si le terrain est trop irrégulier, je choisis le combiné herse rotative et semoir. Même chose après un maïs grain, le semoir direct donne de bons résultats, mais quand il reste beaucoup de végétation, le risque de bourrage devient important. Dans ce cas, je reviens vers une technique plus conventionnelle, poursuit notre éleveur. Nous avons l’avantage d’avoir les outils disponibles dans notre Cuma. Pour quelqu’un qui n’a pas cette chance, l’utilisation du semoir Simtech n’interdit pas un léger travail du sol ou un labour au préalable. »
Denis LehéPour accéder à l'ensembles nos offres :